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Tout (ou presque) sur … les haricots : les semer

« Si tu sèmes des haricots le jour de la saint Didier (le 23 mai), tu en ramasseras plein le panier. » affirme un dicton angevin. En Belgique c’est à la Sainte Pétronille (le 31 mai) que l’on recommande ces semis. Vous l’avez compris, c’est le moment de semer les haricots ! Mais de quelle sorte, quelle variété, comment faire et quand les récolter ? Rassurez vous : la culture de ce légume est vraiment très simple. Je vous invite à un petit tour dans l’univers du haricot

il existe une grande variété de haricots, qu'ils soient à écosser ou verts.

Dès l’introduction en Europe du haricot par Christophe Colomb, le haricot connu un grand succès. Notamment parce que ses grains se conservent très bien. La consommation des gousses vertes des haricots est plus récente: ce n’est qu’au XVIIIème siècle que les Italiens et les Siciliens employèrent ce légume en cuisine. Le haricot vert ne fut en vogue en France que le siècle suivant, importé d’Espagne et d’Afrique du Nord. Quel jardinier pourrait aujourd’hui imaginer se passer de ce légume ?

De quels haricots parle t’on ?

“Mangetout”, “filets”, “à rames”, “nains” “demi-frais”, “sec”… il y a mille et une variété de haricots. C’est important de savoir les distinguer pour comprendre comment les cultiver et quand les récolter. Pour cela faisons le point sur cette légumineuse (aujourd’hui on parle de Fabacée).

Les gousses des haricots contiennent un « parchemin ». Il s’agit d’une fine paroi qui devient coriace lorsque les graines murissent. En plus de ce parchemin des « fils » , c’est-à-dire de longues fibres rigides, se forment lorsque le haricot vieillit. Lorsque fils et parchemin encombrent les gousses, le haricots est dit “grains” ou « à écosser »

Les haricots à écosser peuvent se récolter “frais”, lorsque les grains ont atteint leur taille définitive et que leurs gousses sont encore tendres mais s’ouvrent facilement. Un peu plus tard, vous cueillerez les haricots demi-frais. Les grains, encore assez riches en eau, sont cuits sans trempage préalable.

Pour cueillir les haricots secs, on attend alors que les tiges  et les feuilles fanent. Les gousses sont alors brunes et bien sèches. Elles s’ouvrent d’elles-même pour délivrer les grains. On rassemble alors les tiges des Pendez-les à l’envers dans un endroit abrité et aéré et attendez au moins une semaine avant d’écosser les gousses.

On peut récolter les haricots à écosser frais, sec, ou, comme ici, entre les deux.
Au mois d’août, je récolte les haricots grains déjà secs. Dans le vide que leur culture va laisser je sèmerai de la mâche, des radis noirs, du mizuna… J’hésite encore.

ll était une fois le flageolet

Le haricot est cultivé depuis au moins le XVIIe siècle en Île-de-France. Les variétés naines qui fournissaient de petits grains blancs étaient alors particulièrement prisées. Or il se trouve qu’un jour un certain M. Chevrier, agriculteur à Brétigny-sur-Orge (dans l’Essonne), couvrit sans sans rendre compte des pieds de haricots qui, arrachés, avaient été abandonnés sur le sol.
En les dégageant de la paille, quelques jours plus tard, il se rendit compte que les grains des gousses, , affichaient une superbe couleur verte. Leur saveur délicieuse, typée font alors fureur à Paris dès les années 1880. La vogue du “flageolet vert Chevrier”’” était lancée! En témoigne encore l’annuelle Foire aux haricots d’Arpajon et, à Brétigny-sur-Orge, une rue, une place, un établissement scolaire ainsi qu’une plaque commémorant M. Chevrier.

Les haricots que l’on dit “verts” (parce qu’ils peuvent aussi être jaunes ou violets) se distinguent des haricots à écosser parce l’absence de parchemin dans leurs gousses. Mais attention toutefois : ils peuvent comporter les fameux “fils”, ces fibres rigide. lors de l’achat des graines, distinguez donc :

Les haricots “filets
“, qui “prennent le fil”. Ils se distinguent par leur saveur très fine mais il est nécessaire de les cueillir très jeunes et tous les jours.

Les haricots “filets sans fil” : ces variétés aussi prennent le fil… mais bien plus tardivement. On peut ainsi les récolter deux fois par semaine.

Les haricots “mangetouts” dont les gousses sont dépourvues de fils comme de parchemin. On peut donc les laisser grossir et ne les récolter qu’une fois par semaine

Les haricots “spécial congélation”

Vous avez peut-être déjà vu cette mention sur le sachet de certaines variétés. Ce sont des haricots à la floraison rapprochée… et donc à la récolte groupée. Super si l’on veut faire des conserves et notamment si vous souhaitez les congeler. Mais attention : préférez d’autres haricots si vous souhaitez une consommation en frais, échelonnée.

Les haricots grimpants sont bien plus facile à récolter que les haricots nains ... mais ils prennent bien plus de place
Les haricots (à écosser ou mangetout) peuvent être “nains” et former des touffes compacts ne nécessitant aucun support ou alors “à rames”. Il faut alors installer des tuteurs qui prennent une place conséquente.

Comment semer les haricots ?

Rien de plus simple que le semis des haricots. A deux conditions :

  • Les haricots se sèment dans un sol bien réchauffé. Comptez 10-12°C minimum. Les grains doivent en effet germer très vite (en 8 jours maximum). Vous vous demandez peut-être comment mesurer cette température la température du sol ? Comme je n’ai pas d’appareil spécifique (cela existe !), à défaut j’utilise … un thermomètre à sucre.
    Si le temps se rafraîchit juste après le semis, couvrez celui-ci d’un voile “de forçage”.
  • Couvrez à peine les graines de terre. Un adage l’affirme “Les haricots doivent voir le jardinier s’en aller“.
  • Etape 1 : si vous semez des haricots à port grimpant, fichez dans le sol Iles rames et tuteurs (perches de noisetiers, bambous…) de façon à ce qu’ils s’inclinent les uns vers les autres. Ou rassemblez les à leur sommet de façon à confectionner un tipi.
  • Etape 2 : Respectez les espacements. les rames ou les rangées de haricots doivent être distantes d’au moins 50 cm les unes des autres. Cela laisse la place, si vous cultivez des variétés naines, de cultiver d’autres légumes et aromatiques entre les lignes
  • Etape 3 : choisissez votre mode de semis. Opérez de deux façons :
    – en ligne : tracez un sillon à la pointe de la serfouette et déposez une graine tous les 5 cm
    – en poquet : creusez à la main une petite cuvette (de 3 cm de profondeur) dans laquelle vous déposez 5 à 7 graines.
  • Etape 4 : recouvrez d’un tout petit peu de terre et arrosez. Même s’il pleut.


Les semis peuvent s’échelonner d’avril-mai jusque fin juillet.
Vous craignez que vos semis se fassent dévorer par les gastéropodes ? Retrouvez quelques parades évoquées dans un article précédent : remplacer le paillage par un couvert vivant, utiliser des granulés à base de phosphate ferrique…

Chouchoutez les haricots : après le semis, la culture

Les haricots sont bons enfants : ils ne demandent presque pas d’entretien.

Butter les haricots est-il utile? A tester !

Voilà le conseil que j’ai toujours lu et entendu quand j’ai débuté en jardinage : buttez les haricots très vite, dès qu’ils sont dotés de 4 feuilles. C’est à dire rassemblez de la terre autour de leurs tiges. Je ne sais pas exactement sur quoi repose ce conseil. Peut-être pour éviter que les plants versent sous le poids de leur feuillage et l’action du vent ? A tester !

Apportez de l’eau aux haricots de façon “suivie”, c’est à dire en vous assurant que le sol au pied des plants ne se dessèche pas. Aucune recette d’arrosage n’existe. Impossible de vous dire qu’il faut apportant tant de litres d’eau tous les X jours : tout dépend de la nature du sol, de l’exposition du potager, de son relief, du climat, de la météo etc. Observez le sol, tout simplement.

De petits trous ronds apparaissent sur les grains secs que vous avez récoltés ? Il s’agit des opercules de sortie des larves de la bruche. La femelle de ce petit coléoptère pond sur les gousses mûrissantes. Les larves pénètrent dans les graines où elles hivernent.
Une fois le parasite présent, il est souvent difficile de s’en débarrasser. Aucun produit (de synthèse, naturel ou de fabrication maison) n’a fait ses preuves. Une seule solution pour le jardinier gourmand : congeler les graines dès leur récolte.

Les 3 soeurs désignent une association pratiquée par les Iroquois des Cinq Nations , une tribu d’Indiens d’Amérique du Nord. Elle mêle leurs trois principales cultures : le maïs, la courge et le haricot grimpant.
Ces légumes se complètent parfaitement. Le maïs sert de tuteur au haricot dont le système racinaire enrichit le sol en azote et facilite la nutrition des légumes voisins. Quant à la courge, elle couvre le sol de son large feuillage, lui conservant sa fraîcheur et limitant la croissance des mauvaises herbes.Pas à pas 

Vous pouvez tout à fait tester cette association en semant les légumes sur une rangée. Ou l’expérimenter par endroits localisés dans le potager. Dans tous les cas tenez compte de la nature… expansive des courges. Voilà un pas à pas :

1. Montez une butte de terre de 30 cm de hauteur en veillant à l’espacer de 50 cm des autres légumes.

2. Semez un poquet de 4 à 5 graines de maïs au sommet et au centre de la butte. Les semis peuvent démarrer dès la mi-avril dans le Midi et de la fin des risques de gelée jusqu’à fin juin ailleurs.

3. Semez, lorsque les plants de maïs atteignent environ 15 cm de haut, les graines de courges et de haricots tout autour d’eux, en alternant les deux espèces.

La fameuse association des trois soeurs (encore appelée MILPA): haricots, maïs, courges
Les Trois Sœurs sont une association de plantes sacrées pour les Iroquois: ce trio divin a surgi sur la tombe de la Terre Mère, morte après avoir donné naissance aux jumeaux Bien et Mal. Sans avoir de dimension spirituelle, l’association du maïs et du haricot est également traditionnelle dans le Sud Ouest. On y utilise plus précisément le haricot tarbais, base des célèbres cassoulets.

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