Pour planter les tomates les jardiniers ont plein de trucs et astuces à propos de sa plantation. Il faut faire comme ci, surtout pas cela, et il faut apporter tel produit , bien choisir ses tuteurs… Quand j’ai démarré en jardinage, j’ai suivi scrupuleusement toutes ces recommandations. Je les ai expérimentées. Et avec le temps, j’ai fait le tri. Aujourd’hui je pratique la GST, la « Gestion Simplifiée des Tomates ». Stop aux prises de tête : je vous présente ma méthode
Par Guylaine Goulfier-Oh ! un jardin
Quand planter les tomates ?
En fonction de la météo, des plants…
« Attends les Saints de Glace ». Et bien non, pas forcément !
Les épisodes de gel sont rarissimes en mai donc je ne patiente pas les 11,12 et 13 mai pour planter des frileuses comme les tomates (le basilic, les concombres, courgettes…). Si exceptionnellement une nuit glaciale où la température chute en dessous de 0°C s’annonçait, alors je couvrirais mes plants avec un voile d’hivernage.
J’installe mes tomates d’abord en fonction de mes plants. Si fin avril, ils sont trop grands, que leur pot est trop petit alors plutôt que de les repiquer, je les installe en pleine terre. S’ils sont vraiment trop petits, j’attend un peu qu’ils grandissent. Et bien sur j’attends une journée ensoleillée. Pas question d’aller sous la pluie ou de planter dans un terrain détrempé.
Et les « jours fruits » du calendrier lunaire ? Je m’en moque parce que c’est une invention récente (des années 60 plus précisément) qui n’a pas de bases solides. Mais cela est un autre sujet 🙂
Comment planter les tomates ?
Tout simplement !
« Fais un trou profond »,« Mets des orties dans le fonds », « allonges les plants … Pffff les conseils abondent à ce stade… Faisons simple et procédons avec méthode :
– D’abord et avant tout : sur une ligne du potager je creuse des trous de plantation en les espaçant de 60 cm. C’est beaucoup ? Oui. Normalement on conseille un écart de 40-50 cm. Je vous expliquerai par la suite pourquoi j’éloigne un peu plus mes plants.
– J’installe des tuteurs en spirale métallique au bord de chaque trou de plantation. Autrefois j’utilisais des piquets en bois sur lesquels j’attachais les tiges de tomate avec du raphia. C’est inutile avec ces spirales, les rameaux de tomates s’y glissent d’eux mêmes.
La tomate est une liane. On peut la faire courir sur le sol plutôt que de la conduire sur un tuteur. C’est d’ailleurs ce que faisaient les maraîchers dans le Sud Ouest (Marmande a longtemps été la capitale de la tomate, en cultivant ce légume en plein champs. Mais cette façon de faire a deux inconvénients que je trouve majeurs. Les tomates occupent alors beaucoup de place. Et les risques d’attaques du mildiou sont plus importants.
– J’installe mes plants de façon à ce que leur base soit à 2-3 cm au dessous du sol, pas plus. En comparant je n’ai pas trouvé d’intérêt à allonger la tige sur le sol vers le tuteur ni à enterrer plus profondément le plant. Au contraire, j’ai trouvé que cela ralentissait la reprise des pieds de tomate.
– Je tasse la terre autour des plants de façon à aménager des « cuvettes d’arrosage ». Comme cela, quand j’apporte de l’eau, elle se concentre au pied des tomates au lieu de s’étaler sur le sol.
– J’arrose mes plantations. Même si le temps est pluvieux. Cet arrosage facilite l’adhésion des racines des plants aux particules minérales du sol.
Pourquoi je n’utilise plus d’orties ?
Parce que cela ne sert à rien. Les orties comme n’importe quels autres feuillages se décomposent SUR le sol. C’est en surface que résident la faune et la flore qui vont fragmenter, morceler, réduire en éléments de plus en plus petit la matière organique. A la toute fin, celle ci sera entièrement décomposée. Il n’y aura aucune émission de nutriments pour les plantes mais l’élaboration d’une molécule importante pour la structure du sol : de l’humus.
Donc non seulement mettre des orties (de la consoude, du compost ou toute autre matière organique) dans le trou de plantation des tomates ne leur apportera rien… mais on gêne leur décomposition puisqu’on les enterre.
Après la plantation, « un bon paillage » ?
Je préfère des légumes, herbes et fleurs
Pourquoi paille t’on ? Pour éviter que le sol soit nu. Le pailler limite l’évaporation de l’eau du sol et la germination des adventices.. Moi je préfère remplir le sol que de le couvrir. Voilà pourquoi j’espace mes plants de 60 cm. Dans ces intervalles mais aussi de chaque côté de ma ligne de tomates je vais planter des choux, des bettes, des laitues, je vais semer des haricots, des carottes… et de la coriandre, de l’aneth, du basilic. Sans oublier les fleurs comme la bourrache, les soucis, les capucines. Comme il n’y a pas de paillage, toutes ces plantes peuvent se ressemer spontanément. Ainsi mes tomates n’émergent pas d’un lit de paille (qu’il me faut trouver voire acheter) mais d’une jungle gourmande et foisonnante de pollinisateurs.
Du compost, de l’engrais ?
Pas besoin !
Les tomates sont vraiment les reines du potager. Alors on a envie de les chouchouter, c’est bien normal. Mais elles n’ont besoin de rien car tous leurs nutriments se trouvent déjà dans le sol. Leur en apporter risque d’être néfaste, de les déséquilibrer.
Les apports azotés (urine diluée, fientes de poule et autres crottins, guano…) sont une mauvaise idée. Parce qu’ils vont privilégier la croissance du feuillage au détriment de sa future floraison, qu’ils rendent les plantes plus sensibles aux maladies et aux ravageurs.
L’azote pour les végétaux est l’équivalent du sucre pour les humains. Il est nécessaire pour elles comme pour nous mais il ne remplace pas les autres nutriments (la potasse, les phosphates pour les plantes, les protéines et lipides pour nous). Et l’excès d’azote/de sucre déséquilibre l’organisme. Les plantes aussi peuvent souffrir de l’équivalent de l’obésité et du diabète.
Planter les tomates d’accord, mais après?
Vous l’avez peut-être remarqué mais les tomates, pendant parfois plusieurs jours après la plantation, font la tête. Il leur faut un certain temps pour se redresser et se mettre à pousser. Il s’agit du « stress du repiquage ». En effet, leurs racines qui s’étendaient dans le substrat meuble du terreau doivent maintenir s’adapter au sol de notre potager.
L’arrosage à la plantation les ont mis dans de bonnes conditions pour cette acclimatation. Il faudra continuer à leur apporter de l’eau. Non pas en suivant une recette (par exemple 1 fois par semaine) mais en fonction de leurs besoins. Et ceux ci varient d’un jardin à l’autre. En effet tout dépend du climat, de la nature du sol (sableux, limoneux ou argileux?) de son épaisseur, de son relief… et de la météo de l’année.
Au contraire de l’idée en vogue ces dernières années, les tomates ont besoin d’eau. Pas trop, mais suffisamment pour élaborer leurs tiges et donc développer tout leur potentiel. Lorsqu’elles en sont privées, elles poussent quand même… mais leur croissance est ralentie. Elles porteront alors bien moins de bouquets de fleurs et, en conséquence, de fruits.
Mais alors s’il n’existe pas de recettes d’arrosage, comment savoir quand apporter de l’eau aux tomates et combien leur donner ? En observant le sol à leur pied. Facile chez moi puisqu’il s’y trouve une cuvette d’arrosage. Si la terre est encore fraîche, je n’apporte rien. Sinon j’arrose, jusqu’à ce qu’elle soit de nouveau humide.
Forcer les tomates en ne les arrosant pas ?
On entend ces dernières années que les tomates sont des fainéantes et que les priver d’eau après la plantation oblige leur système racinaire à aller puiser de l’eau en profondeur dans le sol.
C’est une pure croyance.
Le système racinaire de chaque plante est déterminé génétiquement. Certains sont pivotants, d’autres fasciculés. D’aucun s’étendent en surface, d’autres explorent en profondeur. Rien ne peut modifier cela. Et certainement pas chez les légumes dont le cycle de vie dure moins d’une année. Si on prive d’eau un pied de tomate, il en souffre mais il n’a pas du tout la capacité d’étendre ses racines plus en profondeur pour aller chercher de l’eau.
Si lorsque vous étiez enfant on avais mis de la nourriture en hauteur, hors de votre portée, vos bras ne se seraient pas allonger pour attraper ce qui vous échappe n’est ce pas ? Il en va de même pour les racines des tomates.