Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Du mildiou sur mes tomates 2/2: que faire ?

Après avoir fait connaissance avec le mildiou dans l’article précédent, se pose la grande question : mais que faire contre cet ennemi n’°1 des tomates et des pommes de terre. Fil de cuivre, bicarbonate de soude, purin de prêle… de très nombreux trucs, astuces et potions magiques sont proposés. Ils fonctionnent ou non ? Faisons le point sur ces supposés remèdes mais vous avoir présentée le remède mal aimé qui est pourtant le seul efficace.

Sous serre aussi, le mildiou peut sévir. Notamment quand il est nécessaire de l’aérer pour limiter l’humidité et la condensation sous cet abri. Voilà l’occasion pour les sporanges du mildiou de venir contaminer les plants de tomates. Même sous serre il est nécessaire de faire un traitement préventif si les conditions sont favorables au mildiou.

Le maraîcher, l’agriculteur peut avoir accès à des produits phytosanitaires curatifs. Mais ce n’est pas le cas pour le producteur bio et encore moins pour le jardinier. La loi Labbé qui s’est appliquée en janvier 2019, interdit à la commercialisation tout produit issu de la chimie de synthèse. le seul traitement du mildiou accessible au jardinier et efficace … n’est que préventif. Mais complétement décrié, voire diabolisé aujourd’hui. Oui je veux parler de la bouillie bordelaise (ou d’un autre produit cuprique, comme l’oxychlorure de cuivre)

La bouillie bordelaise : parlons-en s’il vous plaît

On la déteste aujourd’hui cette bouillie bordelaise. Mais avant de la rejeter d’emblée je vous propose de mieux comprendre comment elle fonctionne. Ceci afin de l’utiliser au mieux, qu’elle soit efficace tout en étant sans risque pour l’environnement.

La bouillie bordelaise ne tue pas plus les champignons du sol qu’elle ne liquide le mildiou ou autre maladie. Son action n’est que préventive.
Elle contient du sulfate de cuivre sous la forme d’ions Cu2+. Quand on la pulvérise, elle forme un un film sur les végétaux. Lorsqu’une goutte d’eau se dépose sur cette barrière, ces ions réagissent et empêchent les spores de mildiou de germer. Ces dernières ne sont pas tuées, juste empêchées de contaminer la plante. C’est une forme de préservatif
Les quelques ions de cuivre de ce film sont ensuite lessivés par les pluies ou les arrosages et se retrouvent sur et dans le sol. Ils sont immédiatement absorbés par des population de bactéries spécifiques qui les rend adsorbables par les plantes. Car le cuivre est un oligo-élément naturel des végétaux. Bien sur il ne faut pas en faire d’excès.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est iStock-465040891-1-1024x580.jpg.
Pas de pigments ou autre colorant dans la bouillie bordelaise : le sulfate de cuivre est naturellement bleu


« La bouillie bordelaise tue la vie des sols« . Penchons nous un peu sur cette assertion devenue commune.
le cuivre est un des rares métaux naturellement présent dans les sols, sa teneur dépendant de la nature du sous-sol. Toutefois c’est principalement l’activité humaine qui est responsable de son excès et donc des pollutions des eaux et des terres que l’on peut déplorer.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est 501px-Cuivre_dcpc_la_contamination_par_les_metaux_carte5_cuivre_2.jpg.

La principale origine des apports en cuivre est… l’activité industrielle. Suivent l’incinération des déchets, l’épandage des boues des stations d’épuration. L’activité agricole n’est pas en reste, notamment la production et l’utilisation des fumiers et lisiers de bovins, porcins et de volailles (leur alimentation est complémentée en cuivre). Puis l’utilisation d’engrais minéraux. Enfin arrivent les applications de bouillie bordelaise. Mais attention pas n’importe où. La pollution est localisée dans les zones d’anciens vignobles, sulfatés depuis des décennies voire des demi-siècles ou plus encore. A des périodes où les dosages étaient 10 fois supérieurs à ceux autorisés aujourd’hui (ils sont en agriculture biologique de 4kg/ha/an).
On ne trouve pas de trace de pollution dans les zones de fort maraîchage et absolument pas dans les jardins amateurs. Il faudrait une quantité faramineuse de bouillie bordelaise, appliquée au même endroit pendant plusieurs décennies pour obtenir une pollution. Dont l’action sur la vie du sol est plus crainte que réellement établies selon les études dont on dispose.

La bouillie bordelaise n’est que préventive, il est donc important de savoir précisément quand et comment l’utiliser. Voilà quelques règles pour cela :

N’utilisez la bouillie bordelaise que si le mildiou menace. Rappelez-vous celui ci n’est pas une fatalité. Préparez donc ce traitement uniquement quand le temps est pluvieux et que l’humidité est forte.

Traitez toujours AVANT la pluie. Après c’est trop tard.

Veillez en pulvérisant le produit à bien recouvrir la plante. D’où l’intérêt de la couleur bleue de la bouillie bordelaise . Et renouvelez l’opération que lorsque c’est nécessaire : si le film du précédent traitement a disparu, ou quand les nouvelles pousses en sont dépourvues.
Bien souvent un ou deux traitements par saison suffisent.

Elles sont légion, véhiculées par les réseaux sociaux, ces solutions toutes simples (généralement « faites maison ») pour prévenir et même guérir le mildiou. Et elles sont si souvent citées sur le réseau social que l’on ne sait plus trop si ce sont d’anciens trucs ou de nouvelles astuces.
Passons en revues les plus communes d’entre elles. Et pour ce faire gardons en tête que le mildiou existe depuis près de deux siècles et que seule la bouillie bordelaise a été employée pour le prévenir avant l’arrivée d’internet. Aucun livre de jardinage n’a jamais signalé aucune alternative efficace.

Fiché dans le pied de tomate ou entourant ce dernier, un fil de cuivre serait censé éloigner le mildiou. Comment ? Nul ne peut l’expliquer. Malheureusement ce système tout simple ne peut fonctionner et pour plusieurs raisons :
– Un fil de cuivre est un métal. Même lorsqu’il s’oxyde il ne libère aucun ion Cu++, ceux qui sont actifs dans la bouillie bordelaise ou autre produit cuprique.
– Un métal transperçant une plante… crée une blessure. Pour autant aucune molécule ne peut se retrouver dans la sève. Pas plus qu’un fil de fer nous transperçant le bras ne va transmettre à notre sang de quoi lutter contre une anémie.
– Quand bien même le cuivre qui serait émis par le fil puisse être systémique (ce qui fait une double condition inatteignable… il ne tue pas les champignons, il n’arrête pas le mycellium. Le cuivre de la bouillie bordelaise n’agit que par contact et uniquement sur les spore de mildiou.

Ce produit du placard (ménager ou alimentaire) est en vogue ces dernières années. Pour mieux comprendre quelle peut être son efficacité et contre quoi, il est nécessaire de faire un petit point sur les produits de soins des plantes (les « phytosanitaires »).

Tout comme en médecine humaine ou vétérinaire, les « médicaments » des plantes doivent être homologués pour pourvoir être commercialisés, recevoir une AMM (Autorisation de Mise sur le Marché). Pour cela chaque fabricant doit préparer un dossier qui comporte deux étapes : des analyses toxicologiques (afin d’évaluer les risques pour l’utilisateur du produit, pour l’environnement, la vie du sol, les abeilles, etc) et, surtout, la preuve de l’efficacité du produit sur tel ou tel problème. S’il est moins efficace qu’un produit existant, il ne pourra pas être homologué.
Chaque homologation porte donc sur un problème bien précis (par exemple la tavelure du poirier… mais pas la moniliose) une plante ou une catégorie de végétaux déterminées . Ce qui agit contre les pucerons du sol de la laitue ne sera pas forcément homologué contre le puceron lanigère du pommier.

Toutes ces étapes sont importantes pour arriver à déterminer les indications de chaque produit mais aussi ses recommandations d’utilisation (quand et comment l’appliquer, à quelle dose, quel est le délai avant récolte, etc) et ses éventuels effets secondaires… L’équivalent de nos notices de médicaments. Tous les produits commercialisés sont recensés dans une base de données gouvernementales et accessible en ligne (même si elle n’est pas facile à consulter) : ephy.

Depuis le 20ème siècle, il a fait l’objet de centaines d’essais d’efficacité. Et effectivement le bicarbonate (de potassium et non de soude) est un produit de soin des plantes homologué. Il est commercialisé et utilisé par les producteurs comme par les jardiniers (pour ces derniers c’est la substance de base de l’Armicarb). Il agit essentiellement contre des oïdiums… mais en rien contre le mildiou.

Or il est évident que si lors des centaines d’expérimentation sur le terrain le bicarbonate de soude avait eu un quelconque effet sur cette maladie, tous les fabricants l’auraient exploité. Tout les maraîchers utiliserait un produit aussi peu coûteux.
ce n’est pas le cas. Ce qui explique que l’on ne trouve aucune origine à cette utilisation et, surtout, aucune indication de dosage et de période d’application. Préventif ou curatif : on ne sait même pas comment le bicarbonate pourrait agir sur le mildiou.

La « guerre de l’ortie » sévissait dans les années 90 (elle interdisait la commercialisation des extraits végétaux). Elle est … terminée. Et ce depuis plusieurs années. Ces produits ne sont pas homologués comme des produits de soin. Ils sont commercialisés comme des PNPP, Préparations naturelles Peu Préoccupantes. Ils n’ont donc pas à présenter de preuve de leur efficacité. Ceux qui commercialisent ces extraits végétaux, ceux qui les recommandent peuvent donc dire absolument tout ce qu’ils veulent sur leurs propriétés. C’est à chaque jardinier de se faire son opinion.

Depuis 40 ans au moins, les décoctions, les huiles essentielles, les macérations, purins et autres extraits de plantes divers et variés sont testés. En effet depuis que l’on a découvert que les végétaux pratiquaient l’auto-défense, on recherche des « éliciteurs », des substances de défenses des plantes.
Pas des répulsifs ni des produits agissant directement sur les ravageurs et les maladies, mais directement sur la plante cultivée pour la rendre plus résistante aux attaques.

C’est ainsi que des centaines d’extraits végétaux divers et variés ont fait l’objet de milliers d’expérimentations ces dernières décennies. Elles sont toujours en cours d’ailleurs. Des éliciteurs ont été trouvés…mais il ne s’agit pas de plantes que, nous, les jardiniers pouvons nous procurer.

Aucune décoction, purin n’a d’action sur le mildiou. A ce jour tout du moins. Ce que l’on a découvert en revanche, c’est un étonnant effet du purin de prêle. Il ne se substitue pas au cuivre mais il peut permettre de diminuer le dosage de celui-ci dans les traitements.

Attention si vous cultivez des pommes de terre et des tomates : Phytophtora infestans atteint les deux plantes. Elles peuvent donc se contaminer l’une l’autre.

Le mildiou est là, que faire ?

Les premiers symptômes du mildiou apparaissent quelques jours après la contamination. Aucun traitement curatif n’existe. Voilà comment le jardinier doit intervenir à mon avis :

– consultez la météo agricole (je vous conseille ce site). Si les températures atteignent et dépassent 30°C, si l’humidité relative est inférieure à 90°C, il y a une chance que les plants touchés guérissent d’eux-mêmes. Si ce n’est pas le cas, en revanche :
– Sacrifiez les plants en les arrachant s’ils sont très atteints. Retirez les feuilles malades des pieds de tomate et de pommes de terre qui seraient moins touchés.
– Traitez à la la bouillie bordelaise (ou un autre produit cuprique) les plants encore sains.

Envie de vérifier, d’approfondir ?

Pour combattre un ennemi, mieux vaut le connaître. c’est ce que vous propose l’article précédent :
Du mildiou sur mes tomates 1/2: le (re)connaître

Abonnez-vous
à notre newsletter

La boutique de la Jardinerie

Autres actualités

à ne pas manquer
Hellébores

Tout savoir sur l’Hellébore

Tout savoir sur l’Hellébore, ou «Rose de Noël», pour profiter de leur floraison hivernale de toute beauté! Les différentes variétés d’Hellébores Il existe différentes variétés.

Lire la suite